Mobilier

Louer ses meubles plutôt que de les acheter

Plus écologique et surtout plus pratique, la location de meubles à court ou long terme pourrait devenir une nouvelle tendance en Suisse. Décryptage.

De nombreux professionnels de l'immobilier louent des meubles pour valoriser leurs biens à vendre.
De nombreux professionnels de l'immobilier louent des meubles pour valoriser leurs biens à vendre. - Copyright (c) DR
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Il y a bien une chose que la dernière pandémie a mis en avant un peu partout dans le monde: l’envie de se sentir bien chez soi. Cette période a ainsi entraîné de nombreux déménagements, chez les jeunes et chez les moins jeunes pour diverses raisons. Certains ont désiré un appartement plus grand, en campagne – ou à l’inverse en ville – avec un jardin, un bureau ou un salon plus spacieux. Cependant, même si elle a accentué le phénomène, la pandémie n’est pas la seule responsable de la bougeotte des couples et des familles. En effet, divers motifs poussent tout un chacun à vouloir changer d’air un jour. Il y a, en effet, de plus en plus de séparations et de divorces qui nécessitent pour l’un des conjoints de se reloger. Des jeunes prennent leur envol, s’installent seuls ou alors partent étudier dans un autre canton. A cela s’ajoutent les retraités qui cherchent parfois à changer d’appartement pour un domicile plus pratique ou encore les expatriés qui viennent s’installer en Suisse pour une ou plusieurs années. Toutes ces différentes catégories de personnes, lorsqu’elles déménagent, doivent, en principe, racheter en partie – ou entièrement – du mobilier.

Christophe et Sophie Vila, propriétaires de Myotakudiaporama
Christophe et Sophie Vila, propriétaires de Myotaku

Ainsi, depuis quelques années, le marché de la location de meubles s’est développé en Suisse. L’entreprise Myotaku, fondée par Christophe et Sophie Vila à Lausanne est l’une des premières à s’être lancée sur ce segment en 2010. Hors période Covid, la société compte aussi à son actif plusieurs centaines d’appartements meublés par année. «Les durées de location des meubles varient entre quatre mois et trois ans», explique le couple. Certes, plus de la moitié de leurs clients sont des expatriés qui viennent s’installer en Suisse. Mais le marché du privé augmente. Il y a bien sûr celui des professionnels – home staging, appartements-témoins lors de promotions immobilières – mais aussi celui des jeunes qui s’installent dans leur premier appartement et n’ont pas forcément les moyens d’acheter du mobilier. «La vie est faite de changements. Les gens déménagent de plus en plus, constate Christophe Vila. Et notre service offre la possibilité d’avoir une solution clé en main sans se soucier de l’achat du mobilier, du déménagement ou encore du montage/démontage des meubles.»

Transparence

Les clients qui viennent ici pour deux ans n’ont en effet pas à courir les magasins, organiser les livraisons, réceptionner la marchandise et ensuite l’assembler. «Cette clientèle n’a ni le temps de meubler, ni de décorer un appartement, renchérit Sophie Vila. Et si elle quitte ensuite le pays, que fait-elle de ses meubles?» La solution de location avec tous les services inclus devient ainsi très intéressante. «Cette clientèle ne cherche pas simplement à faire une bonne affaire, elle cherche avant tout à se faciliter la vie.» Même constat provenant d’une jeune entreprise qui s’est lancée en 2021 sur le même créneau. Swaap propose également un service de location de meubles – même pour les nouveaux-nés – mais également la possibilité d’acheter directement des meubles, voire de les «racheter» après quelques mois de location. «Nous voulons être très transparents en affichant volontairement les prix des meubles que nous louons», commente Louis Paquin, cofondateur de Swaap.ch avec Stanislas Roux. L’entreprise, qui est aussi active dans l’événementiel se targue par ailleurs de louer des meubles de designers et de qualité afin de les conserver le plus longtemps possible. Myotaku affirme aussi ne rien jeter. «Les meubles que nous ne pouvons plus louer sont offerts à des associations en Suisse ou à l’étranger.»

Carlo Badini, de l'entreprise Pabio, collabore avec des architectes d'intérieur et loue des objets à la piècediaporama
Carlo Badini, de l'entreprise Pabio, collabore avec des architectes d'intérieur et loue des objets à la pièce

Même démarche durable chez Pabio, un autre acteur suisse de la location de meubles qui s’est lancé en 2021. Pabio reprend volontiers les meubles de ses clients pour les remettre à neuf et les installer ensuite dans d’autres appartements. Basée à Berne, l’entreprise Pabio collabore avec des architectes d’intérieur et loue des objets à la pièce, en commençant par des ampoules à 0,05 centimes par mois. Les abonnements pour la location de meubles commencent à partir d’une année et cela jusqu’à quatre ans. «Notre mission est d’offrir une alternative meilleure, plus durable et moins chère à la vente au détail de meubles traditionnels», explique le fondateur Carlo Badini qui ambitionne de développer Pabio en Europe – la société est déjà présente en Allemagne – et cibler les locataires qui se déplacent fréquemment et ont des revenus supérieurs à la moyenne.

Quels meubles et à quels prix?

- Tout peut être loué selon Sophie Vila, cofondatrice de Myotaku, des appareils de musculation en passant par un piano, une cave à vin ou encore un aquarium.

- Table, linge, meubles, vaisselle, décoration, Myotaku garantie l’aménagement entier d’un appartement en quarante-huit heures.

- Il faut compter entre 200 et 500 francs par mois pour la location de mobilier et décoration d’un appartement d’environ quatre pièces.

- Selon la société américaine de location de meubles Fernish, 9,8 millions de tonnes de meubles finissent à la décharge chaque année aux Etats-Unis. Fernish prétend avoir «sauvé» 268 tonnes de meubles de la décharge l’an dernier.