Dubaï

Terre d'opportunités pour les entrepreneurs suisses

Plus de 3000 ressortissants suisses vivent à Dubaï, un chiffre en constante augmentation. PRESTIGE est allé à la rencontre de plusieurs entrepreneurs qui chantent les louanges de cet eldorado du désert.

Vue du resort Jumeirah Al'Qasr
Vue du resort Jumeirah Al'Qasr - DR

La douceur fiscale n’est pas la seule raison qui pousse les étrangers à s’installer à Dubaï. La qualité de vie, la sécurité, la propreté, le climat sont des arguments régulièrement mis en avant par les expatriés. La plupart d’entre eux, dont plus de 3000 Suisses, ont choisi d’y vivre et ont souvent réussi à créer une entreprise dans cette Mecque du luxe, une possibilité qu’ils n’auraient peut-être pas envisagée dans leur pays d’origine. En effet, la métropole flamboyante des Émirats Arabes Unis est depuis longtemps une plaque tournante pour les entrepreneurs du monde entier. Parmi ces visionnaires se trouvent un nombre croissant de Suisses tels que Guillaume Pousaz, fondateur de la licorne Checkout.com, Maximilien Busser, fondateur de la marque horlogère MB&F ou encore Michael Layani, fondateur du plus grand site immobilier de la région, propertyfinder.ae. Ces trois entrepreneurs qui s’y sont installés il y a plusieurs années sont les seuls Romands à avoir acquis la nationalité émiratie pour leur contribution à la prospérité de cette ville de 3,7 millions d’habitants.

L’APPEL DE DUBAÏ POUR LES ENTREPRENEURS SUISSES

Stéphanie Reichenbach a lancé Sonara Camp, un restaurant dans le désert qui offre une expérience authentique avec un spectacle et différentes animations
Stéphanie Reichenbach a lancé Sonara Camp, un restaurant dans le désert qui offre une expérience authentique avec un spectacle et différentes animations

Stéphanie Reichenbach fait partie de ces entrepreneures suisses qui ont su tirer parti des avantages de Dubaï pour créer son entreprise devenue une véritable success story. Installée dans la ville depuis près de 15 ans, elle a lancé en 2018 deux camps au milieu du désert : Nara, destiné aux soirées privées, et Sonara, un restaurant ouvert au public avec un spectacle comprenant danseuses du ventre, cracheurs de feu, faucon et DJ, ouvert tous les jours pour le coucher du soleil et le dîner. L’an dernier, Stéphanie a ouvert deux autres camps, dont Nest by Sonara, qui comprend 14 chambres/ tentes construites en forme de dunes au milieu du désert. Elle a également lancé un service traiteur à Dubaï pour des soirées privées à thème. La Genevoise est, par ailleurs, sur le point d’acquérir un dhow, un bateau traditionnel arabe en bois, afin de le reconvertir en restaurant sur le canal. L’idée est d’en faire un lieu plus chic et festif que l’offre touristique actuelle.

Les gens sont super motivés à travailler. On est comme une grande famille

Stéphanie Reichenbach

Une activité qu’elle n’aurait pas pu envisager à Genève. Stéphanie Reichenbach ne sous-estime pas, pour autant, la charge administrative de ses débuts comme entrepreneure à Dubaï. « Cela a été très long pour comprendre quels permis étaient nécessaires et surtout com- ment les obtenir ». Mais une fois établie avec sa société, la gestion de son entreprise a été plus facile. « Il n’y a pas de charges sociales, ni de taxes en tout genre, ici. Si une personne est licenciée, elle n’obtient qu’un mois de salaire. Les gens sont super motivés à travailler. On est comme une grande famille » poursuit celle qui emploie aujourd’hui 200 collaborateurs. « Par ailleurs, contrairement à ce qui se raconte à l’étranger, le ministère du travail contrôle que les employés soient bien traités et l’hygiène est beaucoup plus surveillée qu’en Suisse. »

Sylvia Rossel a fondé Chado, un concept store de 400 m2 incluant des cabines de traitement ainsi qu'une boutique proposant 800 références sur la beauté
Sylvia Rossel a fondé Chado, un concept store de 400 m2 incluant des cabines de traitement ainsi qu'une boutique proposant 800 références sur la beauté

Même son de cloche provenant de la part de Sylvia Rossel, fondatrice de la marque suisse Chado, qui s’est installée il y a deux ans à Dubaï. Distribuée dans 55 palaces en Europe et vendue en ligne, Chado est spécialisée dans les soins des cils et des sourcils. En 2020, la Genevoise ouvre sa première boutique rue Neuve-du Molard au centre de la cité de Calvin. Deux ans plus tard, elle décide de s’expatrier à Dubaï avec son mari et ses enfants. « J’ai réalisé que la vie est plus facile ici ». Elle monte ainsi un business plan pour lancer sa marque dans l’Émirat. « A Dubaï, les femmes ont un plus grand budget pour s’apprêter qu’en Suisse. » Rapidement, Sylvia réalise qu’il n’existe pas vraiment de Spa qui proposent des traitements avec leur propre marque. Elle décide ainsi d’ouvrir un centre de soins, en plein cœur du quartier de Jumeirah, comprenant 200 m2 de spa avec cinq cabines de traitements ainsi qu’un concept store de 200 m2 au rez-de-chaussée. Aujourd’hui, outre ses propres produits, Chado propose 800 références sur la beauté. « Je ne regrette pas d’avoir quitté Genève » poursuit Sylvia Rossel. « La qualité de vie est bien meilleure ici, avec du soleil toute l’année. Le rythme me correspond bien, il y a moins de stress, un super service. Les gens sont gentils et serviables. Le matin je peux aller marcher au bord de la mer. Il y a une douceur de vivre ici qu’on ne retrouve nulle part ailleurs » poursuit celle qui a longtemps vécu et travaillé à New-York et Paris. « Dubaï, ce n’est pas que les grandes tours. Il y a aussi des petits marchés de poissons, de légumes, des quartiers piétons. » Celle qui emploie 15 collaboratrices à Dubaï a, depuis, fermé les portes de sa boutique genevoise.

Nara Camp, ce sont des suites architecturales en forme de dune pouvant accueillir jusqu'à 4 personnes
Nara Camp, ce sont des suites architecturales en forme de dune pouvant accueillir jusqu'à 4 personnes

C’est en 2014 qu’une autre Genevoise s’est expatriée sous les cieux des Émirats. Stéphanie Bacharach a plus de 25 ans d’expérience dans la banque. Elle y est allée pour Julius Baer avant de rentrer à Genève en 2020 pour le même employeur. Elle n’aspire alors qu’à une chose : rentrer « chez elle » à Dubaï. Elle saisit cette opportunité en acceptant d’ouvrir une succursale du cabinet de recrutement suisse NW Partners dans la ville des Émirats. « Dubaï est une grande cité aux multiples facettes. J’aime sa diversité, son dynamisme, son ouverture d’esprit et surtout l’attitude positive de ses habitants. Personne ne critique personne. Tout le monde s’encourage et se soutient ». La Genevoise apprécie par ailleurs la diversité des citoyens, des restaurants, des activités et des opportunités de développement personnel qu’offre la ville. « La vie est excessivement agréable tout le temps. Tout fonctionne. Je me sens chez moi ici. »

Alessia Ferronato fait également partie de ces Suisses qui habitent une partie de l’année à Dubaï. Celle qui a lancé voilà deux ans Ferronato, une marque d’accessoires de luxe dotés d’une technologie de protection de la vie privée, vit entre Lausanne et l’Émirat. « Dubaï est un point stratégique et logistique entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Ferronato a été lancé au Pavillon suisse de l’Exposition universelle de Dubaï entre 2021 et 2022. Nous avons ensuite sponsorisé la Fashion Week de Dubaï. L’écosystème y est très dynamique », explique celle qui ne pensait jamais pouvoir vivre un jour dans cette ville. « Il ne faut jamais dire jamais » rigole-t-elle aujourd’hui. « Dubaï est une ville très stimulante. Les Émiratis sont très ouverts, les lois y sont plus souples qu’auparavant ». Selon l’entrepreneure, Dubaï est devenue une marque forte au niveau mondial, d’où l’intérêt d’en faire partie.

Dubaï est un point stratégique et logistique entre l'Europe, l'Asie et le Moyen-Orient

Alessia Ferronato

« Les Dubaïotes veulent rayonner dans le monde. Ils vont tout faire pour que l’image de la ville soit positive. Ils vont ainsi encourager tous les habitants à réussir pour en faire les meilleurs ambassadeurs ». Dubaï serait la nouvelle terre d’opportunités du XXIe siècle selon Alessia Ferronato. Fini l’American Dream, place aujourd’hui au Dubaï Dream. « L’état d’esprit ici, c’est que tout est possible. »

Alessia Ferronato
Alessia Ferronato

Certes, la question fiscale revient souvent dans le discours des personnes rencontrées. En effet, il n’existe ni impôt sur le revenu, ni impôt sur la fortune à Dubaï, permettant à nombre d’entre elles de faire de véritables économies. Seul un impôt à hauteur de 9% existe sur les dividendes. L’immobilier, notamment les loyers, restent chers, tout comme certains restaurants à la mode et l’alcool qui est très fortement taxé.

Ainsi, selon les résidents interrogés sur place, un jeune entrepreneur qui aurait une idée de business aurait beaucoup plus de facilité à lancer son entreprise à Dubaï qu’ailleurs. Et qu’en est-il du développement durable, une thématique très importante en Europe ? « Une véritable conscience écologique se met en place avec le recyclage et l’installation de panneaux solaires » explique la fondatrice de Chado, Sylvia Rossel. « Il y a, par ailleurs, une véritable micro-économie autour du développement durable. Plein de petits jobs autour du recyclage se créent car personne ne veut être au chômage. »

Audrey-Anne Paquin est une Canadienne installée à Dubaï depuis six ans. Le plus grand attrait selon elle, en tant que maman et entrepreneure, c’est les « service driven business » qui émergent tous les jours et rendent la vie beaucoup plus simple. « Maintenance de la maison, problème de connexion avec Internet, service de plein d’essence à domicile en une heure, livraison des courses le jour même, activités pour les enfants en tous genres » explique celle qui a lancé Roasteria, une entreprise de torréfaction de café, une industrie en plein boom à Dubaï. « Avec une forte population d’expatriés et la présence de marques hôtelières internationales, les Émirats arabes unis sont devenus une porte d’entrée importante pour les cafés en quête de croissance dans l’ensemble du Moyen-Orient. ». Cipriani, Armani, Bulgari, Mercedes Benz, toutes ces marques ont déjà lancé leur expérience café pour séduire les amateurs de luxe et d’or noir. « L’expérience client est sanctifiée à Dubaï » ajoute Audrey-Anne Paquin. Ce qui n’empêche pas que la ville reste clivante. « Les gens ont beaucoup d’aprioris à propos de Dubaï alors que beaucoup ne la connaissent pas » confirme Stéphanie Reichenbach. « Aucune ville ne remplit tous les critères pour plaire à tout le monde. Le style de vie ici est différent. C’est un style à l’américaine » poursuit l’entrepreneure genevoise. Autre avantage de la cité-État selon les expatriés interrogés ? L’emplacement sur la carte du monde qui facilite les voyages en Asie et en Europe.

90% D’EXPATRIÉS

La plage privée de Jumeirah Al'Naseem
La plage privée de Jumeirah Al'Naseem

Dubaï compte 3,7 millions d’habitants dont 90% d’expatriés. La majorité sont de nationalités indienne et pakistanaise. Interrogé, un chauffeur de VTC pakistanais nous explique : « Dubaï m’a permis de sortir de l’enfer ». Il parvient, ainsi, avec son salaire, à nourrir toute sa famille dans son pays d’origine. « Le re- groupement familial est autorisé et facilité si l’on a un travail et de quoi subvenir aux besoins des membres de la famille » poursuit notre interlocuteur. Tout comme lui, les Dubaïotes ont un grand respect pour le Cheikh Al Maktoum. « Il offre à tout le monde des opportunités de travail que nous n’aurions jamais trouvées dans un autre pays ». Tous ont, par ailleurs, ce sentiment de solidarité et d’inclusivité entre les différentes communautés. « Il y a un grand respect des locaux envers les expats. Il n’y a ni racisme ni amertume. Tout le monde est gentil » confirme Stéphanie Bacharach.

DES LOIS PLUS SOUPLES

Depuis 2021, les Émirats arabes unis et Dubaï plus précisément, ont mis en place de nouvelles règles pour séduire encore plus les expatriés du monde entier. Il n’est plus obligatoire, par exemple, d’avoir un contrat de travail avec une entreprise basée sur place pour s’y installer. Les retraités peuvent obtenir des visas d’une durée de 5 ans et les investisseurs d’une durée de 5 à 10 ans. Les règles de vie dans la péninsule ara- bique ont également été assouplies. A titre d’exemple, les couples non mariés peuvent désormais cohabiter sous le même toit. Ceux qui souhaitent divorcer peuvent le faire selon les lois de leur pays d’origine. La consommation d’alcool est plus large- ment autorisée, même durant la période du Ramadan. Par ailleurs, depuis les Accords d’Abraham de 2020 entre les Émirats Arabes Unis et Israël, des synagogues et des églises chrétiennes y ont été érigées, prônant ainsi la paix et la tolérance entre les différentes cultures et communautés religieuses.

L’IMMOBILIER EN PLEIN BOOM

Le projet Discovery Dunes à Dubaï
Le projet Discovery Dunes à Dubaï

Le marché de l’immobilier explose à Dubaï, tel est le constat des expatriés sur place. Depuis le début du conflit en Ukraine, de nombreux Russes sont venus s’y installer, à n’importe quel prix, faisant monter la valeur des biens immobiliers. Cela n’empêche pas les investisseurs de poursuivre leurs nombreux projets de développement immobilier. Dubaï a également lancé son plan directeur urbain pour 2040 visant à positionner l’Emirat comme « la meilleure ville où vivre au monde ». L’objectif est d’améliorer toutes les infrastructures existantes, mais également de proposer d’autres options de transports en commun durables, de doubler les espaces verts et récréatifs, de favoriser une plus grande activité économique, d’améliorer la durabilité environnementale ou encore de sauvegarder le patrimoine culturel urbain. Dubaï entend également augmenter de 134% la superficie utilisée pour les hôtels et activités touristiques. La longueur des plages publiques augmentera jusqu’à 400%. De quoi faire encore monter les prix de l’immobilier.

Les projets immobiliers pleuvent dans la région, à l’instar du projet Discovery Dunes lancé par la société de développement immobilier Discovery Land Company. La société américaine construit un complexe immobilier de luxe autour d’un golf sur plus de 250 hectares en plein désert. Les résidents pourront bénéficier de nombreux avantages dont l’accès à un centre équestre, à un kids club ou encore à un club privé en plein centre-ville, avec restaurant et indoor golf. Le prix de départ d’un terrain de 3500m2 se monte à 7,5 millions de dollars.